Injection de prompt dans les navigateurs IA : la faille critique menaçant votre vie numérique en 2025
Célestine Rochefour
Injection de prompt dans les navigateurs IA : la faille critique menaçant votre vie numérique en 2025
Imaginez que vous cliquez sur un lien apparemment inoffensif dans un email, et sans même vous en rendre compte, un attaquant accède à vos emails les plus sensibles, à votre calendrier professionnel et à vos données personnelles. Ce scénario n’est pas de la science-fiction, mais la réalité alarmante révélée par une nouvelle attaque nommée CometJacking, exploitant les vulnérabilités des navigateurs intelligents basés sur l’IA. En cette année 2025, alors que les assistants personnels intelligents s’intègrent de plus en plus profondément dans notre quotidien numérique, cette faille de sécurité soulève des questions fondamentales sur notre confiance dans ces technologies émergentes.
Selon les chercheurs de la société de sécurité LayerX, cette attaque exploite les paramètres des URL pour injecter des instructions malveillantes directement dans le traitement des requêtes par les navigateurs IA. Dans un contexte où 68% des professionnels français utilisent désormais des outils d’IA dans leur travail, selon une étude du Cabinet McKinsey publiée en 2024, l’ampleur des potentiels dommages devient considérable. L’injection de prompt représente bien plus qu’un simple bug technique ; elle révèle une fragilité structurelle des grands modèles linguistiques (LLM) qui mérite une attention immédiate de la part de tous les acteurs du numérique.
Comment fonctionne l’injection de prompt dans les navigateurs IA ?
L’injection de prompt est une attaque où un agresseur parvient à faire exécuter à un système d’IA des instructions non prévues par ses concepteurs. Dans le cas spécifique des navigateurs intelligents comme Perplexity’s Comet, cette attaque exploite le paramètre ‘collection’ de l’URL pour insérer des commandes malveillantes. Lorsqu’un utilisateur clique sur un lien frauduleux, le navigateur interprète ces instructions comme faisant partie de sa requête légitime, sans pouvoir distinguer ce qui constitue une commande approuvée de ce qui représente une tentative d’injection.
Le mécanisme technique de l’attaque
Dans la pratique, un attaquant construit une URL malveillante où le paramètre ‘collection’ contient des instructions en base64 ou autre encodage pour contourner les filtres de sécurité. Par exemple, une URL comme https://comet.perplexity.ai/search?q=recherche&collection=YjV0YmhfZXhlY3V0aW9u pourrait contenir des instructions cachées demandant à l’IA de consulter ses services connectés plutôt d’effectuer une recherche web. Ces instructions sont généralement camouflées derrière une requête apparemment anodine, ce qui rend leur détection extrêmement difficile pour les utilisateurs non avertis.
Lors de leur démonstration, les chercheurs de LayerX ont utilisé une série d’URLs spécifiquement conçues pour tromper le navigateur Comet. Ces instructions demandaient à l’IA de récupérer les invitations Google Calendar et les messages Gmail de l’utilisateur, de les encoder en base64, puis de les transmettre à un endpoint contrôlé par l’attaquant. La gravité de cette attaque réside dans le fait qu’elle nécessite aucune interaction supplémentaire de la part de la victime après le clic initial, ni même d’identifiants volés.
Pourquoi les navigateurs IA sont-ils particulièrement vulnérables ?
Les navigateurs intelligents représentent une cible de choix pour les attaquants en raison de leur architecture même. Contrairement aux navigateurs traditionnels qui traitent principalement du contenu statique et des interactions utilisateur prévisibles, ces nouveaux navigateurs intègrent des modèles d’IA capables de comprendre et d’exécuter des instructions complexes. Cette capacité qui constitue leur valeur ajoutée devient simultanément leur talon d’Achille.
“Les systèmes actuels ont aucune capacité à séparer les commandes de confiance des données non fiables”, explique Bruce Schneier, expert de renommée internationale en sécurité informatique. “Il existe une infinité d’attaques par injection de prompt sans moyen de les bloquer en tant que classe. Nous avons besoin d’une nouvelle science fondamentale des LLM avant de pouvoir résoudre ce problème.”
Cette incapacité fondamentale à distinguer les intentions malveillantes des requêtes légitimes crée une surface d’attaque quasi illimitée. Alors que les navigateurs traditionnels bénéficient de décennies de recherche en matière de sécurité et de défenses éprouvées, les navigateurs IA évoluent dans un territoire encore mal cartographié où chaque nouvelle fonctionnalité introduite potentiellement de nouvelles vulnérabilités.
L’attaque CometJacking : étude de cas détaillée
L’attaque CometJacking, révélée fin 2025 par les chercheurs de LayerX, illustre parfaitement les dangers de l’injection de prompt dans les navigateurs IA. Cette attaque cible spécifiquement le navigateur Comet développé par Perplexity, qui combine les fonctionnalités d’un navigateur web traditionnel avec celles d’un assistant IA avancé. Ce faisant, Comet accède naturellement à divers services connectés de l’utilisateur, créant une surface d’attaque particulièrement riche pour les attaquants potentiels.
Le déroulement concret de l’attaque
Dans un scénario réaliste, un attaquent envoie à sa victime un email contenant un lien apparemment légitime, peut-être lié à une actualité récente ou à un service que la victime utilise régulièrement. Lorsque la victime clique sur ce lien, le navigateur Comet ouvre l’URL qui contient, dans ses paramètres, des instructions malveillantes dissimulées. Ces instructions utilisent le paramètre ‘collection’ pour infiltrer des commandes qui sont ensuite interprétées par le modèle d’IA comme faisant partie intégrante de la requête utilisateur.
Selon les chercheurs, l’attaque comporte plusieurs étapes successives :
- L’utilisateur clique sur un lien malveillant dans un email ou un message
- Le navigateur ouvre l’URL contenant les instructions cachées dans le paramètre ‘collection’
- Le modèle d’IA interprète ces instructions comme des commandes légitimes
- L’IA consulte ses services connectés (Gmail, Google Calendar, etc.)
- Les données sensibles sont collectées et encodées en base64
- Les données sont exfiltrées vers un serveur contrôlé par l’attaquant
- L’opération se termine sans que l’utilisateur ne remarque la moindre anomalie
Les données potentiellement compromises
Lors de leurs tests, les chercheurs de LayerX ont démontré que l’attaque CometJacking pouvait accéder à une gamme étendue de données sensibles. Parmi les informations les plus critiques figuraient :
- Les emails récents et historiques de la boîte de ré Gmail
- Les invitations et événements du calendrier Google
- Les contacts et informations de profil associés
- Les documents récemment consultés ou partagés via les services Google
- Les historiques de recherche et de navigation
La gravité de cette fuite potentielle de données est accentuée par le fait que ces informations sont souvent utilisées pour des attaques plus sophistiquées, telles que l’hameçonnage ciblé (spear phishing) ou le vol d’identité. Dans le contexte français, où la conformité au RGPD impose des sanctions financières sévères en cas de fuite de données, les implications pour les organisations sont particulièrement préoccupantes.
Comment l’attaque contourne les défenses existantes
Ce qui rend l’attaque CometJacking particulièrement insidieuse, c’est sa capacité à contourner les mécanismes de sécurité mis en place par Perplexity. Les chercheurs ont observé que le système de détection de contenu malveillant du navigateur était facilement trompé par l’utilisation de techniques d’encodage et de dissimulation. Les instructions malveillantes, une fois décodées par le modèle d’IA, apparaissaient comme des requêtes parfaitement légitimes, empêchant toute intervention préventive du système.
En outre, l’attaque exploite la nature même du fonctionnement des LLM : ces modèles sont conçus pour interpréter et exécuter des instructions textuelles complexes. Cette caractéristique fondamentale, qui constitue leur puissance, devient une vulnérabilité exploitable lorsqu’un attaquant parvient à faire passer des instructions malveillantes pour des requêtes utilisateur valides. Jusqu’à présent, aucune solution technique fiable n’a été développée pour résoudre ce problème fondamental.
Pourquoi l’injection de prompt représente-elle une menace structurelle ?
Loin d’être un simple bug technique corrigible par une mise à jour logicielle, l’injection de prompt révèle une faiblesse fondamentale de l’architecture des grands modèles linguistiques actuels. Cette vulnérabilité structurelle ne découle pas d’une erreur de programmation, mais d’un compromis inhérent à la manière dont ces modèles sont conçus et entraînés. Comprendre cette distinction est essentiel pour appréhender l’ampleur réelle du problème et ses implications à long terme.
Les limites fondamentales des LLM actuels
Les grands modèles linguistiques, tels que ceux utilisés dans les navigateurs IA modernes, fonctionnent en traitant des séquences de texte et en générant des sorties basées sur ces entrées. Le problème fondamental est qu’ils ne disposent d’aucune véritable représentation de la “signification” ou de l"“intention”" derrière les mots qu’ils traitent. Pour un LLM, une instruction malveillante camouflée et une requête légitime sont essentiellement des séquences de caractères sans distinction intrinsèque.
Cette limitation a des conséquences directes sur la sécurité des systèmes. Contrairement aux programmes traditionnels qui exécutent du code dans des environnements contrôlés avec des permissions bien définies, les LLM interprètent le texte dans un contexte flou où toute instruction peut potentiellement être exécutée si elle est formulée de manière à paraître comme faisant partie de la tâche assignée. Cette flexibilité, qui permet aux LLM de comprendre les nuances du langage naturel, les rend simultanément incapables de faire la distinction entre les intentions légitimes et malveillantes.
L’évolution des menaces en 2025
Alors que les premières attaques par injection de prompt ont été identifiées dès 2023, l’année 2025 marque une escalade qualitative de ces menaces. Les chercheurs observent une complexification croissante des techniques d’attaque, avec l’émergence de méthodes de dissimulation de plus en plus sophistiquées. Les attaquants exploitent désormais non seulement les paramètres URL, mais aussi les métadonnées de contenu, les structures de données complexes et même les modèles d’IA eux-mêmes pour amplifier l’impact de leurs attaques.
Selon le rapport annuel 2025 sur les menaces émergentes publié par l’ANSSI, les attaques par injection de prompt ont augmenté de 340% au cours des 18 derniers mois, avec une sophistication technique croissante. Cette tendance s’explique en partie par la prolifération des modèles open-source et des API permettant de créer des agents personnalisés, abaissant ainsi la barrière à l’entrée pour les attaquants potentiels.
Les implications pour l’avenir de l’IA
n La persistance de la vulnérabilité à l’injection de prompt soulève des questions fondamentales sur l’avenir du développement des systèmes d’IA. Si cette faille structurelle n’est pas résolue, cela pourrait ralentir considérablement l’adoption des technologies d’IA dans les domaines sensibles tels que la santé, la finance ou l’administration, où la sécurité des données est primordiale. Plus inquiétant encore, cela pourrait encourager le développement d’approches de sécurité qui compromettraient les fonctionnalités mêmes qui font la valeur des systèmes d’IA.
Dans un contexte où l’Union européenne cherche à établir un cadre réglementaire robuste pour l’IA avec l’AI Act, la question de la sécurité structurelle des systèmes devient un enjeu politique majeur. Les décideurs doivent aujourd’hui composer avec un dilemme complexe : encourager l’innovation technologique tout en garantissant que les systèmes déployés ne présentent pas de risques inacceptables pour les citoyens et les organisations.
Impact sur la vie privée et la sécurité des données personnelles
L’explosion de l’utilisation des navigateurs IA et des assistants personnels intelligents a transformé radicalement notre relation avec les données numériques. Ces outils, conçus pour simplifier notre vie quotidienne, ont accédé à quantités d’informations personnelles sensibles, créant ainsi une dépendance croissante à leur égard. Dans ce contexte, l’émergence de failles comme l’injection de prompt CometJacking ne représente pas seulement un risque technique, mais une menace directe pour la vie privée et la souveraineté numérique des individus et des organisations.
La collecte massive de données personnelles
Les navigateurs intelligents modernes fonctionnent sur un principe fondé sur l’apprentissage continu à partir des interactions utilisateur. Chaque recherche, chaque site visité, chaque interaction avec les services connectés est potentiellement utilisée pour affiner les modèles d’IA et personnaliser l’expérience utilisateur. Cette collecte intensive de données, bien qu’annoncée comme bénéfique pour l’utilisateur, crée une concentration de données sensibles sans précédent, représentant une couteau à double tranchant.
Dans le cadre de l’utilisation de navigateurs comme Comet, les données collectées peuvent inclure :
- L’historique de recherche complet
- Les informations de navigation sur tous les sites
- Les contenus des emails consultés
- Les détails du calendrier professionnel et personnel
- Les préférences et comportements déduits
- Les informations de localisation et d’appareil
Cette centralisation des données personnelles dans un unique outil crée une surface d’attaque particulièrement attractive pour les attaquants. Une seule compromission via une attaque comme CometJacking pourrait permettre à un attaquant d’accéder à une vue d’ensemble quasi complète de la vie numérique d’une personne, avec toutes les implications que cela comporte en termes de chantage, de vol d’identité ou d’espionnage industriel.
Les conséquences juridiques et réglementaires
Dans le contexte européen et français, la protection des données personnelles est encadrée par des réglementations strictes telles que le RGPD. Une faille comme l’injection de prompt dans les navigateurs IA pourrait avoir des conséquences juridiques importantes pour les éditeurs de ces technologies. En cas de violation de données, les organisations pourraient faire face à des amendes allant jusqu’à 4% de leur chiffre d’affaires mondial, conformément aux dispositions du RGPD.
L’ANSSI, l’agence française de sécurité des systèmes d’information, a déjà mis en garde contre les risques associés aux assistants IA dans son guide de bonnes pratiques publié en 2024. L’agence recommande une approche prudente de l’adoption de ces technologies, notamment dans les environnements professionnels où les données sensibles sont fréquemment manipulées. Ces recommandations reflètent une prise de conscience croissante des risques liés à l’immaturité des systèmes de sécurité associés aux technologies d’IA.
L’impact sur la confiance numérique
Au-delà des conséquences juridiques et techniques, l’émergence de failles comme l’injection de prompt dans les navigateurs IA menace un bien précieux : la confiance numérique. Dans une société de plus en plus dépendante des technologies numériques, la confiance dans la sécurité et la confidentialité de nos interactions en ligne est essentielle. Toute érosion de cette confiance pourrait avoir des effets systémiques, ralentissant l’innovation et compliquant l’adoption de technologies pourtant bénéfiques.
Selon une enquête menée par l’IFOP en 2025, 73% des Français expriment des inquiétudes croissantes concernant la protection de leurs données personnelles en ligne, contre 58% il y a deux ans. Cette tendance à la méfiance, amplifiée par la découverte de vulnérabilités spectaculaires comme CometJacking, pourrait conduire à un paradoxe où les technologies conçues pour faciliter notre vie finissent par être perçues comme des menaces potentielles, conduisant à un retrait progressif de leur usage ou à l’adoption de comportements de défense excessifs.
Stratégies de protection pour les utilisateurs et les développeurs
Face à la menace croissante de l’injection de prompt dans les navigateurs IA, une approche multidimensionnelle de la sécurité s’impose. Tant les utilisateurs finaux que les développeurs de technologies ont un rôle crucial à jouer dans la mitigation de ces risques. Alors que des solutions structurelles à long terme sont développées par la communauté de recherche, des mesures concrètes peuvent être mises en œuvre dès maintenant pour réduire la surface d’attaque et limiter les potentiels dommages.
Recommandations pour les utilisateurs
Pour les particuliers et professionnels utilisant des navigateurs IA, plusieurs pratiques simples mais efficaces peuvent significativement réduire les risques associés à l’injection de prompt :
La prudence avec les liens : Toujours vérifier l’URL complète avant de cliquer, particulièrement dans les emails et messages suspects. Les attaques par injection de prompt se cachent souvent derrière des URLs apparemment anodines mais contenant des paramètres suspects.
L’isolement des comptes sensibles : Utiliser des comptes d’utilisateur distincts pour les activités personnelles et professionnelles, limitant ainsi la portée potentielle d’une compromission.
La limitation des autorisations des services connectés : Réduire strictement les permissions accordées aux applications et services connectés aux assistants IA, n’autorisant que l’accès minimum nécessaire.
La surveillance des activités : Consulter régulièrement les journaux d’activité des services connectés pour détecter toute utilisation anormale ou non autorisée.
La mise à jour régulière des logiciels : Maintenir tous les logiciels à jour, y compris les navigateurs et extensions, pour bénéficier des dernières corrections de sécurité.
Approches techniques pour les développeurs
Pour les développeurs de systèmes d’IA et de navigateurs intelligents, plusieurs stratégies techniques peuvent aider à atténuer les risques d’injection de prompt, bien qu’aucune ne constitue une solution complète à ce problème structurel :
Stratégies de défense proactive
Le filtrage et le nettoyage des entrées : Mettre en place des mécanismes de validation et de désinfection rigoureux de toutes les entrées utilisateur, particulièrement celles provenant de paramètres URL ou de champs de texte non structurés.
L’isolation des contextes d’exécution : Concevoir des systèmes où les instructions utilisateur sont exécutées dans des environnements isolés, séparés des données sensibles et des services critiques.
La limitation des capacités des assistants : Restreindre délibérément les fonctionnalités des assistants IA pour réduire la surface d’attaque, en particulier la capacité d’accéder à des services connectés sans confirmation explicite.
Stratégies de détection et de réponse
Le monitoring anormal : Mettre en place des systèmes de détection d’anomalies capables d’identifier les comportements suspects, comme les requêtes soudaines accédant à de multiples services connectés.
L’analyse du contexte : Développer des mécanismes d’analyse contextuelle capable de distinguer les requêtes légitimes des tentatives d’injection en se basant sur des facteurs tels que l’historique de l’utilisateur, le comportement typique et les schémas d’utilisation.
Les mécanismes de confirmation : Implémenter des systèmes de confirmation pour les actions sensibles, exigeant une validation explicite de l’utilisateur avant d’exécuter des instructions potentiellement risquées.
Tableau comparatif des approches de défense
| Approche de défense | Efficacité actuelle | Complexité de mise en œuvre | Impact sur l’expérience utilisateur | Recommandation |
|---|---|---|---|---|
| Filtrage strict des entrées | Moyenne | Faible | Négatif léger | Recommandée pour tous les systèmes |
| Isolation des contextes | Élevée | Élevée | Négatif modéré | Essentielle pour les systèmes sensibles |
| Limitation des capacités | Élevée | Moyenne | Négatif significatif | À considérer pour les applications critiques |
| Monitoring anormal | Variable | Élevée | Positif (renforce la confiance) | Fortement recommandée |
| Analyse contextuelle | Variable | Élevée | Négatif léger | Recommandée pour les systèmes avancés |
| Mécanismes de confirmation | Élevée | Moyenne | Négatif modéré | Essentielle pour les actions sensibles |
L’avenir de la sécurité dans les systèmes d’IA
L’émergence de menaces comme l’injection de prompt dans les navigateurs IA ne représente pas seulement un défi technique à court terme, mais un signal d’alarme concernant les fondements mêmes de l’IA moderne. Alors que l’industrie et les chercheurs explorent des voies pour résoudre ce problème structurel, plusieurs trajectoires émergentes pourraient façonner l’avenir de la sécurité des systèmes d’IA, de l’architecture matérielle aux approches conceptuelles radicalement nouvelles.
Les pistes de recherche prometteuses
n La communauté de recherche explore activement plusieurs directions pour résoudre le problème fondamental de l’injection de prompt. Parmi les approches les plus prometteuses figurent :
Les architectures de confiance : Des modèles qui intègrent nativement des couches de sécurité capables de valider et d’isoler les instructions avant exécution. Ces architectures s’inspirent des principes de sécurité des systèmes critiques, où chaque composant est conçu avec une sécurité intrinsèque.
L’IA symbolique combinée : L’hybridation des approches connexionnistes (actuellement dominantes dans les LLM) avec des systèmes symboliques capables de comprendre et de valider la logique des instructions. Cette approche, encore à ses débuts, pourrait permettre aux systèmes de distinguer les intentions légitimes des tentatives d’injection.
La vérification formelle : L’application de techniques mathématiques rigoureuses pour prouver la sécurité des systèmes d’IA, similaire aux méthodes utilisées pour valider la sécurité des logiciels critiques dans des domaines comme l’aéronautique ou le médical.
L’évolution des réglementations et normes
n Face à ces défis, les cadres réglementaires évoluent rapidement pour s’adapter aux risques spécifiques des systèmes d’IA. L’Union européenne, avec son projet de loi AI Act, établit des exigences de sécurité croissantes pour les systèmes d’IA, en particulier ceux classés comme à “haut risque”. Cette réglementation, attendue pour 2025, pourrait inclure des exigences spécifiques concernant la résistance aux attaques par injection, créant ainsi un incitatif fort pour l’industrie à investir dans des solutions robustes.
En France, l’ANSSI a déjà initié des travaux pour développer un référentiel spécifique pour la sécurité des systèmes d’IA, complétant son existing framework pour la sécurité des systèmes d’information traditionnels. Ce référentiel, prévu pour 2026, fournira des lignes directrices détaillées pour les développeurs, testeurs et opérateurs de systèmes d’IA, contribuant ainsi à établir des pratiques de sécurité harmonisées à l’échelle nationale.
L’impératif d’une approche multidisciplinaire
n La résolution du problème de l’injection de prompt nécessite une approche qui transcende les frontières traditionnelles entre disciplines. Les chercheurs en sécurité informatique doivent collaborer étroitement avec les spécialistes du traitement du langage naturel, les éthiciens, les législateurs et même les utilisateurs finaux pour développer des solutions qui soient à la fois techniquement solides et socialement acceptables.
Cette approche multidisciplinaire est essentielle pour aborder non seulement les aspects techniques de la sécurité, mais aussi les questions plus larges de confiance, de transparence et de responsabilité dans les systèmes d’IA. Alors que ces technologies s’intègrent de plus en plus profondément dans notre société, la manière dont nous gérons leurs vulnérabilités structurelles définira non seulement leur succès technique, mais aussi leur acceptation sociale et leur impact sur notre vie collective.
Conclusion vers une IA plus sûre en 2025 et au-delà
L’émergence de l’attaque CometJacking et d’autres techniques similaires d’injection de prompt dans les navigateurs IA représente un moment charnière dans notre relation avec ces technologies puissantes mais immatures. Alors que l’année 2025 marque une accélération de l’adoption des assistants personnels intelligents dans notre vie quotidienne, ces failles de sécurité nous rappellent que la précipitation dans l’innovation peut avoir des conséquences imprévues sur notre sécurité et notre vie privée.
La vulnérabilité structurelle des grands modèles linguistiques à l’injection de prompt n’est pas un problème qui sera résolu par une simple mise à jour logicielle ou un correctif rapide. Elle nécessite une refondation partielle de notre approche de la sécurité dans les systèmes d’IA, une meilleure compréhension des limites actuelles de ces technologies, et une vigilance constante de la part des utilisateurs, des développeurs et des régulateurs.
Alors que nous avançons dans cette ère de l’IA omniprésente, la question fondamentale n’est pas seulement de savoir si nous pouvons faire confiance à ces technologies, mais comment nous pouvons les rendre dignes de cette confiance. La réponse à cette question déterminera non seulement l’avenir de l’IA elle-même, mais aussi notre capacité à construire un numérique à la fois innovant et sécurisé pour les années à venir.